Éditions des deux océans : l'Évangile selon Thomas


La connaissance dans les paroles de Jésus de Shraddhananda Giri

Les êtres humains, toutes croyances confondues, ont une aspiration commune : connaître la vérité de Soi. Cette connaissance est fondamentale, car c'est elle qui donne l'orientation juste dans la vie. On constate que tous les êtres qui connaissent la vérité, tous les sages qui ont cherché la vérité de la Conscience, ont découvert la même Réalité du Soi de l'individu et ont trouvé les mêmes réponses aux questions qu'un chercheur authentique est censé se poser.

Les enseignements de Jésus, exprimés dans L'Évangile selon Thomas, répondent largement à ces questions. Dans notre vie pratique, quotidienne, nous cherchons à connaître la vérité des choses qui concernent notre vie. Le flou et l'obscurité seraient-ils obligatoires en ce qui concerne notre conscience à laquelle toutes les autres connaissances sont destinées ?

Swami Shraddhananda Giri s'est donné pour but dans cet ouvrage d'élucider notre identité fondamentale, le vrai sens de la vie. La clarté de ses commentaires nous éclaire sur la réalité de la Conscience et nous montre que nous n'avons pas à avoir peur de perdre notre identité, ce dont beaucoup de gens souffrent, car on peut perdre son avoir mais non ce que nous sommes fondamentalement.

N° ISBN : 2-86681-077-5
Année de parution : 1999
Prix: 16 €
Poids : 190 Grs
Nb pages : 128

Sur l'auteur :

En vue d'apprendre à connaître la métaphysique indienne à sa source, j'ai étudié la langue sanskrite au Sanskrit Collège de Calcutta (école traditionnelle de Pandit), dit Swami Shraddhananda Giri, ainsi que des textes de métaphysique indienne (Vedanta, Samkhya, Yoga, etc.) Et grâce à l'aide précieuse et indispensable de deux maîtres spirituels, Brahmachârî Satyaprakâsha et Swâmi Dharmamegha Aranya, Maître spirituel du monastère de Kapil Math, j'ai approfondi mes connaissances académiques; de plus grâce à ma propre expérience spirituelle, j'ai pu établir le lien entre la métaphysique et la vie quotidienne dans son immense complexité.

Swami Shraddhananda Giri, de l'Ordre de Shankaracharya, est né en 1928 à Calcutta. Il a enseigné le sanskrit en Inde, et a été initié au Kriya Yoga par Swami Atmananda Giri. Il est également membre et délégué du monastère Vedantique Bholananda Sannyasi Sangha d'Hardwar où il a été ordonné Swami. En France, entre 1967 et 1971, il a enseigné à l'École Pratique des Hautes Études (Sorbonne), et a fondé l'association culturelle Bholananda Vedanta Sangha, aux fins de répandre la tradition métaphysique de l'Inde ainsi que les principes fondamentaux de l'œcuménisme. C'est dans cet esprit que depuis 30 ans il étudie et commente à la lumière du Vedanta les textes évangéliques, notamment L'Évangile selon Thomas.

Extrait du titre

Table des matières
I. Introduction 7
II. Les Logions. Interprétation métaphysique 19
III. Les réalités principielles du Vedanta 89
IV. À propos de la voie spirituelle 103
V. Conclusion 113

I

INTRODUCTION

Une Écriture Sainte a pour but de communiquer avant tout une vérité aux êtres humains et non aux habitants d’un pays particulier ou à une communauté religieuse particulière. Le but de cet ouvrage consiste à élucider l’identité fondamentale de tous les individus, le vrai sens de la vie ainsi que le but à réaliser. L’enseignement de Jésus est l’expression de cette clarté vécue par lui-même. La clarté sur la réalité de la Conscience enlève à l’homme la peur de perdre son identité, ce dont beaucoup de gens souffrent.

On peut avoir peur de perdre son avoir, mais pas de perdre ce qu’on est fondamentalement. La réalité absolue de la Conscience constitue la vraie identité de l’individu. Elle ne peut être menacée par aucun élément extérieur, ni par la mort. Jésus a précisé cette vérité en définissant l’Ignorance et ses conséquences.

Jésus a souligné implicitement que tout homme, quel qu’il soit, est fondamentalement divin, mais sa nature divine est cachée par un Voile, celui de l’Ignorance. C’est contraire à l’idée reçue selon laquelle l’homme est au départ un pécheur de par sa nature. Les affirmations de Jésus soulignent spontanément la dignité de l’homme, mais le placent en même temps devant la responsabilité de détruire son Ignorance.

Les enseignements des sages sont communiqués parfois au moyen d’expressions inhabituelles (fendez du bois, Je suis là…). Pour faciliter la compréhension, nous avons ajouté un aperçu de la sémantique et quelques éclaircissements relatifs à la Foi, à la Croyance et à la Connaissance, tous textes que les lecteurs devraient lire préalablement. Pour acquérir la compréhension juste, il est nécessaire auparavant d’être éclairé sur la réalité de la Conscience de laquelle découle spontanément la compréhension des principes moraux.

Rôle de l’Écriture

Le rôle d’une Écriture Sainte ne consiste pas à nous faire connaître quelque chose que nous pouvons connaître par nos moyens habituels. L’Écriture n’a pas à nous révéler l’existence d’une montagne que nous apercevons en ouvrant les yeux. Le rôle de l’Écriture ne consiste pas non plus à nous demander d’accomplir des actes que nous faisons spontanément, consommer de la nourriture, par exemple. L’Écriture n’a pas à nous inciter à connaître quelque chose qui nous est totalement inconnu, car en l’absence de points de repère nous ne pouvons même pas commencer notre investigation. L’Écriture n’a pas à nous révéler quelque chose que nous connaissons déjà par nos propres moyens, une fleur en plein soleil, par exemple.

Le rôle essentiel de l’Écriture consiste à nous révéler une Réalité qui nous est connue vaguement et partiellement et que nous devons chercher à découvrir dans notre intérêt absolu. Cette Réalité est précisément la nature absolue de notre propre conscience, car toutes nos impulsions émanent d’elle et toutes nos expériences (au moyen des sens et du mental) aboutissent en elle. Nous ne connaissons que vaguement sa valeur réelle, pour ne pas dire que nous avons une fausse connaissance de notre propre conscience qui se manifeste sous forme de notion de « Je » (ego).

À ce propos nous pouvons nous référer à la parole de Jésus, paragraphe (3. 9-15) « Quand vous vous connaîtrez… »

L’importance de la connaissance

Nous constatons que notre vie pratique, quotidienne, est basée sur la connaissance. Nous cherchons à connaître la vérité de toutes les choses qui concernent notre vie : la vérité des aliments, des objets, la vérité de nos organes, s’ils sont bien faits, s’ils fonctionnent correctement etc. Le flou et l’obscurité seraient-ils obligatoires en ce qui concerne notre conscience, à laquelle toutes les autres connaissances sont destinées ? Et pourtant, la plupart des gens cherchent à éviter soigneusement cette connaissance capitale : la Vérité Absolue de la conscience, sans pouvoir échapper pour autant aux conséquences : la souffrance, la douleur.

La raison de cette négligence est simple : une illusion apparaît comme vraie, personne ne doute de sa réalité, car bien que faux, l’objet illusoire a une base réelle. Bien que le serpent illusoire soit faux, son substratum est réel - la corde. Il est très difficile d’enlever la frayeur d’un "percevant" qui confond un serpent illusoire avec un serpent vrai. Tel est le cas de notre conscience. Tout en étant de nature divine, elle a une apparence misérable.

La connaissance du Soi est donc primordiale, car c’est elle qui nous aide efficacement à bien mener notre vie, elle peut nous rappeler à chaque instant notre valeur réelle et pourquoi nous sommes ici.

Que devons-nous faire principalement ?

Le message de Jésus-Christ est considéré en Inde comme un enseignement précieux. Aujourd’hui beaucoup d’Occidentaux sont désireux de connaître les Écritures Hindoues, la Bhagavad Gita ou les Upanishad, par exemple, et ils font un effort pour les traduire et les expliquer. Cela dénote une ouverture d’esprit très positive. Il est naturel qu’un Hindou éprouve également le désir d’étudier et d’approfondir l’Évangile dans le même état d’esprit.

Depuis plus de trente ans nous avons fait la lecture de textes évangéliques, plus particulièrement ceux de l’Évangile selon Thomas, dans le cadre des activités de notre association Bholananda Vedanta Sangha. À la suite de ces lectures, assorties d’explications, un bon nombre de chrétiens m’a demandé d’éditer ces études. C’est ce qui m’amène aujourd’hui à publier ces commentaires sur l’Évangile selon Thomas. Je ne suis pas qualifié pour parler du contexte historique de l’Évangile selon Thomas. Le lecteur pourra se documenter lui-même.

Bien qu’on ait observé, dans certains milieux, des réserves quant à l’authenticité de ce texte évangélique, il s’agit, à mon avis, de propos superflus, car le contenu de cet ouvrage révèle un enseignement spirituel de haute valeur sur fond de métaphysique. Nous allons tenter, dans la présente publication, de faire un commentaire de l’Évangile selon Thomas à la lumière du Vedanta.

Si notre étude peut aider certains chercheurs, nous considérerons que notre effort n’aura pas été vain.

La gnose et l’institution religieuse

La gnose, ou connaissance, représente fondamentalement la découverte de la nature réelle de la Conscience (la notion d’exister, le Soi de l’individu). À la lumière de cette découverte, on peut affirmer qu’elle est également la découverte de la base du monde phénoménal et de sa relation avec le Soi. La gnose ne représente aucune religion, mais elle est une nécessité fondamentale de chaque être humain, elle est de nature universelle. Grâce à elle, tous les êtres humains peuvent se sentir unis et identiques.

La connaissance prend la forme d’une religion lorsqu’on y ajoute, par souci de créer une institution religieuse, des éléments qui n’ont pas de valeur absolue et qui sont des réalités relatives, par exemple un contexte historique, un nom, des dogmes, des coutumes… bref une profession de Foi. Une religion ainsi constituée devient un facteur de différence artificielle entre les êtres humains. Toute notion de différence créée par des éléments superflus et superposés à la Vérité Universelle contient des germes de violence, d’incompréhension et d’intolérance allant jusqu’à l’inquisition et à l’extermination. L’histoire nous l’a démontré maintes fois.

Il y a une grande différence entre gnose et institution religieuse. Une institution religieuse a pour but principal de maintenir une communauté, parfois au détriment de la Vérité Universelle. Une institution religieuse peut créer un sentiment de différence par sa profession de Foi particulière. La gnose ou connaissance a pour but principal, en revanche, de révéler la valeur réelle de la Conscience, le Soi de l’individu. C’est la raison pour laquelle l’inclination à connaître la Vérité de Soi est mal acceptée par une religion institutionnelle, voire considérée comme un adversaire dans la mesure où la connaissance de Soi donne à l’individu la liberté et le moyen de vérifier par lui-même le bien-fondé des enseignements religieux. C’est ce qui explique les tentatives, à toutes les époques, de mettre à l’ombre les Écriture gnostiques.

Un enseignement religieux sous forme de dévotion pour Dieu s’apprend auprès d’une autorité religieuse. Un adepte d’une religion doit apprendre une méthode de prière, le rituel, la profession de Foi de sa propre religion, mais la pratique de ces enseignements dépend de la volonté de l’adepte. Il peut les pratiquer, ou ne pas les pratiquer, ou bien il peut les pratiquer en les modifiant. La connaissance, en revanche, ne dépend pas de la volonté du connaisseur. Un "percevant" ne peut décider, de par sa volonté, de connaître une rose en tant que tulipe, par exemple. Il est obligé de connaître, dans la condition de perception requise, une rose en tant que rose et une tulipe en tant que tulipe, car la connaissance dépend de la nature des choses et non de la volonté du "percevant". Dans le domaine spirituel, la connaissance concerne principalement le Soi de l’individu, car c’est la conscience qui est concernée par le fruit des opérations de tous les éléments associés à elle : le corps, le mental, l’énergie etc. C’est elle aussi qui donne l’impulsion à leurs fonctions.

Lorsque toute obscurité concernant la conscience sera dissipée, c’est alors que l’individu sera réellement convaincu de l’existence d’une Conscience Cosmique, Dieu. La démarche pour connaître la Vérité de Soi est en principe individuelle, car tous les individus ne sont pas conscients de cette nécessité. Certains individus sont, en revanche, conscients de la futilité des expériences empiriques, constatant qu’ils n’arrivent jamais à sortir de l’assujettissement aux souffrances et aux joies éphémères, et cela malgré les pratiques extérieures de leur religion. Ils finissent par se poser des questions fondamentales sur la réalité même de l’expérimentateur empirique de la vie : « Pourquoi sommes-nous incarnés ? Qui fait des expériences d’ordre matériel ? Pourquoi est-on obligé d’en faire ? Y a-t-il un moyen de sortir du cycle des joies et des souffrances ?» Ces êtres cherchent à élucider par eux-mêmes ces aspects de la vie par la découverte des lois de cause et effet et n’ont pas recours à la simple croyance dont certains aspects ont le doute et l’incertitude comme adversaires. De ce fait, ils acceptent les disciplines d’ordre moral et physique requises pour y trouver les réponses. Ces êtres sont des gnostiques de premier ordre.

La Foi et la Croyance

La Foi et la Croyance sont deux aspects bien distincts de la religion que beaucoup de gens confondent. Il est important de bien les définir, selon leur nature propre, en vue de tracer notre voie spirituelle. Les croyances sont différentes selon les religions, car chaque religion contient des éléments qui la distingue des autres. Parfois, pour éviter une tension sociale, on cherche à leur trouver des points communs pour établir un modus vivendi, tout en s’accrochant aux éléments permettant de les différencier. Ce n’est pas par cette démarche que l’on construira en profondeur une paix individuelle et sociale.

La Foi est unique. Elle représente l’expérience directe de l’état divin de la conscience, en premier lieu celle de la conscience de l’individu et ensuite, comme fruit de la première expérience, celle de Dieu, la Conscience Cosmique. On ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs. Qu’est-ce qui nous permet d’affirmer que Dieu existe ? C’est la découverte du caractère divin de notre propre conscience, car la Conscience Pure est une entité unique non divisible. L’expérience directe de Dieu est celle de la nature propre de Dieu, la Plénitude. C’est en cela que l’homme peut se sentir identique à Dieu. C’est le fondement même de la Foi.

Une grande partie des gens se contente d’être adepte d’une religion, car leur objectif principal consiste à vivre dans la société avec bonne conscience et à éviter tout acte susceptible de diminuer la valeur de leur personnalité. Un adepte à part entière d’une religion éprouve avant tout le besoin d’assurer son bien-être dans l’au-delà. La source de sa certitude est indirecte : l’Écriture, la parole d’une personne ou bien l’inférence en ce qui concerne un Créateur. L’homme à la croyance simple cherche rarement la connaissance au travers de la loi de cause et effet.

L’homme de Foi n’a pas besoin d’une croyance, car il a acquis la certitude par l’expérience spirituelle directe de la Réalité de la Conscience Pure. On sera plus tard, après la mort, ce qu’on est maintenant, simplement en raison de la loi de cause et effet. Une croyance simple ne crée rien, car tous les événements se déroulent conformément à l’implacable loi de cause et effet.

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